TÉMOIGNAGE D’UNE GREFFE RÉNALE

 

J’écris ces quelques lignes en espérant qu’elles puissent encourager d’autres malades frappés d’insuffisance rénale. «ne croit jamais assez en soi. La vie, c’est oser dépasser les limites que l’on se donne». Ces deux petites phrases ont toujours été pour moi tout au long de ma maladie, mon courage, ma volonté de vivre et surtout mon espoir. Dans toutes mes mésaventures de santé, j’ai appris à mieux apprécier la vie, et si j’ai le courage de me battre pour survivre, je dois à mon époux, ma famille, mes voisins, mes amis. Je les remercie encore de tout cœur. Avant de continuer mon témoignage, laissez-moi me présenter à vous. J’habite à Libramont, petite ville de la province de Luxembourg où nous avons bâti notre maison à la lisière de la forêt. A travers les feuillages éclaboussés de taches de soleil, notre demeure était là qui souriait aux passants, Jusqu’au jour où la maladie est venue frapper à porte. Pourquoi fallait-il que ça nous arrive? Nous étions si heureux, mon mari et moi, à cette époque de l’année 1976. Nous partions tous les week-ends avec notre orchestre pour faire danser les gens des villages voisins. Nous étions toujours dans la joie.

Les autres, ceux qui étaient malades, nous ne les comprenions pas bien. Comme tout le monde, on pensait que rien de grave ne pouvait nous arriver jusqu’au jour où le destin a changé notre vie. Un désespoir profond s’est emparé de moi. Notre belle vie était finie pour toujours et le mot dialyse s’est attaché à moi. Je n’oublierai jamais ce jour où mon médecin m’a parlé pour la première fois d’hémodialyse. En 1977, j’ai tenté une première greffe qui, malheureusement, n’a pas marché. Là aussi, nous nous sommes sentis, mon mari et moi, très malheureux mais nous n’étions pas les seuls. Les médecins et le personnel infirmier de St-Pierre à Louvain, ainsi que le centre de dialyse de Ste-Ode à qui je dois tant, l’étaient autant que nous. Je me suis retrouvée en dialyse pour 10 ans, puis l’envie de la greffe me reprend et le 23 septembre 1987, je suis transplantée pour la 2eme fois à UCL ST-Luc et je dois dire que cette fois, j’ai eu beaucoup de chance, car mon mari a pu me donner un rein. Je vous souhaite, à vous aussi, amis dialysés, qu’un de vos proche puisse, si possible, vous faire ce beau cadeau. Quelle belle preuve d’amour pour celui qui le donne. Donner un peu de soi à ceux qu’on aime est la plus belle chose qui soit au monde. Mon Mari m’a dit un jour:«qui m’a donne l’idée de te donner un rein, c’est de voir ton courage et ta volonté de vivre.» C’est vrai que j’ai toujours eu un optimisme parfait et une philosophie qui ont permis de surmonté toutes les situations de ma maladie. Et il ajoute: «s’est mariés pour le meilleur et pour le pire »«partir d’aujourd’hui, il n’y a plus que le meilleur». Ensemble, nous venons de vivre une grande aventure. 20 ans de greffe, c’est une extraordinaire aventure! Et si aujourd’hui je peux crier ma joie et mon bonheur dans ces quelques lignes, je le dois à tous ces gens que j’ai rencontrés en chemin, les médecins, le personnel infirmier et tous mes amis. Ils ont tout partagé avec moi dans cette épreuve. Ils ont allumé dans mon cœur et celui de mon mari, une flamme que ni l’âge et la maladie ne pourront éteindre, car elle se ranimera un peu plus chaque fois que nous penserons à vous et a votre amitié pour nous. De tout mon cœur, je souhaite aux futurs greffés de vivre comme nous cette belle expérience que procure la greffe rénale. Cette aventure vaut la peine d’être vécue. Dans la vie, rien n’est jamais perdu. Tous les dialysés et greffés appartiennent à une grande famille, celle de l’amitié. Je voudrais remercier ici tous les médecins qui nous suivent et ceux qui travaillent dans l’ombre et sans qui les transplantations ne seraient pas possibles. Un rein donné, une vie sauvée!

 

 

 

Lucienne Godefroid